IL n’est plus là…
Le dernier carton vient de quitter les lieux du naufrage accompagné des rires encore tous chauds de nos amis communs. J’ai observé tout l’après-midi leurs allées et venues, les bras chargés d’une histoire qui en cet instant me semble n’avoir jamais commencé. Difficile de séparer, quand on ne s’est rien approprié…
J’erre dans le couloir, me penche à la fenêtre espérant en vain un miracle, un raccord, un lien quelque part… Je reviens sur mes pas, grignote un morceau de fromage, repars… J’arpente ces sept années de vie commune en quelques enjambées. Comme on retourne sur les lieux d’un sinistre, je ne reconnais rien. Rien qui ressemble à une alliance. Aucune similitude avec des faits réels sauf coïncidence. Chaque objet croisé projette une collection de souvenirs qui surgit telle une pluie de météorites s’abattant sur un désert d’existence. Ca cogne, ça pète, ça explose, ça creuse des trous énormes. J’ai un marteau-piqueur dans le ventre, une foreuse dans l’estomac. Les ouvriers cherchent… Un enfant, des vacances, des repas sous la voûte étoilée, des films, des ballades, des années… Tout vole en éclat, reste suspendu en l’air. Aucun ancrage. Aucune source pour alimenter, relier, animer. Rien. Nous avons traversé ce temps et cet espace sans nous rencontrer. Nos âmes se sont frôlées. Cet appartement est resté vide, inhabité !
J’ai dû m’endormir, rêver, me caler dans un coin de ma vie sans aucune visibilité comme au volant d’une voiture sous l’orage sans essuie-glace. Je m’arrête, contemple les vestiges oubliés, poussiéreux, dans le placard du fond. Les restes tangibles d’un mauvais repas que l’on abandonne sans scrupule au chien de la maison. Une nausée ancienne remonte. Je m’écroule sur le canapé. La nuit avale les dernières miettes de cette journée et m’installe dans une nouvelle réalité : Solitude…

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